Plus de 50 ans de création et de recherches…

Robert Roussil naît en 1925 à Montréal. Son enfance se passe au plein moment de la grande Crise. Dès l’âge de 5 ans, il dessine. J’avais ça dans la peau très jeune. Le cirque Barnum, qui stationnait dans son quartier, est une de ses premières sources d’inspiration. Il croque les éléphants, les girafes. Sur du papier, mais surtout à la craie sur les trottoirs on utilisait le plâtres des statues religieuses ! Ensuite, il a fait toute sortes de métier: bûcheron, ouvrier dans les fonderies. Jusqu’à la guerre. En 1943, il débarque en Europe avec l’armée canadienne. Puis rentre à Montréal. Là en tant qu’ancien combattant, il profite d’une bourse pour étudier à l’atelier-école du Musée de Montréal. Au bout d’un an, il est enseignant ! Et participe aux expositions annuelles réservées à ces derniers. C’est à cette occasion qu’il présente la Famille avec les conséquences que l’on sait. En 1952, il est invité au Congrès de la paix à Vienne. Il a l’idée d’organiser des symposiums à différents endroit du monde, avec des sculpteurs qui, comme lui, travaillent sur des grosses pièces. En 1957, il entre le premier dictionnaire de sculpture contemporaine la sculpture de ce siècle de Michel Seuphor…

Robert Roussil s’installe à Tourrettes en 1956. Ses œuvres, d’une puissance saisissante, ont été acquises par une dizaine de musées canadiens, comme ceux de Québec, Montréal, Ottawa, et par de nombreux collectionneurs privés.

Depuis plus de 50 ans, Roussil explore sans relâche les matériaux les plus variés: fonte, bronze, béton, bois… C’est l’économie qui décide. Et différentes formes d’expression: dessins, peinture…

Il a prêté deux pièces à notre commune, qui nous sont devenues familières: la sculpture évolutive que tous les enfants appellaient l’araignée, qui est maintenant exposée au Canada,

et le bas relief de bois sculpté dans l’entrée du château.

En 2009, la municipalité a décidé à l’unanimité lors d’une réunion du conseil d’acquérir ce bas relief pour deux raisons. La première parce qu’il semble avoir toujours eu sa place dans le hall du Château Mairie et qu’il aurait été dommage qu’il soit acheté par un collectionneur; la seconde s’inscrit dans le cadre de la politique culturelle de la commune qui veut se constituer un fond patrimonial artistique aujourd’hui inexistant à l’exception des toiles légués par Mac Donald.

Robert Roussil décède à Tourrettes-sur-Loup en mai 2013

 

L’homme rouge de ROUSSIL

Renommé dans le monde entier, le sculpteur Robert Roussil, a suscité, en 1958 un mini-scandale à Tourrettes, avec une statue, aujourd’hui exposée au musée de Montréal. Retour sur l’histoire de l’Homme Rouge.

Roussil, comme tous les vrais artistes était en avance sur son époque. Il fut parmi les premiers à sculpter des pièces monumentales libres à un moment ou celle-ci étaient essentiellement des tinées à orner des monuments aux morts (après-guerre),. Il a suscité les foudres des bien-pensants, à Montréal d’abord, à Tourrettes ensuite.

En 1949, il expose la Famille, une imposante sculpture de 3,18m, taillée dans un tronc d’arbre, au musée de Montréal. Suite à la plainte d’une dame (membre donateur du musée), la police de la ville embarque la statue ; L’occasion pour les journaux de soulever la question récurrente de la liberté d’expression face à la moralité publique.

En 1952, puis 1957 Roussil est à la galerie Creuze à Paris. Parmi les œuvres présentées, La Famille, A cause de ses dimensions la statue est mise en dépôt à la campagne, dans les environs de Paris. Là un anonyme facétieux la badigeonne de minium.

Deux ans plus tard, Roussil, qui s’est installé à Tourrettes, récupère les pièces de l’exposition. A l’époque il a un atelier à la Madeleine, trop petit pour accueillir la famille. De plus, il est absent le jour où les transporteurs viennent la livrer. Où la mettre ? Finalement elle est installée sur la place du village près de chez Modo. ça fait des histoires folles se souvient Rousil. Baptisée l’Homme Rouge par les Tourrettans, la statue redevient objet de scandale.

Mêmes polémiques qu’à Montréal: tenants de l’Art contre tenants de la Morale ! Ces derniers s’adressent au curé de l’époque , M. Vial pour qu’il intervienne afin qu’on enlève l’objet du délit. Le Maire, M Geoffroy, fait clouer une sorte de pagne sur le sexe du père de famille. Ce qui évidemment excite davantage la curiosité. Le soir, les enfants, munis de torche électriques viennent soulever le voile. La sculpture est bientôt entreposée dans la cour de M. Lits dans la Grand’Rue. Ce qui ne décourage pas les curieux. Ensuite, elle se retrouve à Pont du Loup.

Texte de présentation de La Famille au Musée de Montréal.

Dans les années 1950, pour soustraire à la vue du public une œuvre alors jugée scandaleuse, les autorités publiques n’avaient rien trouvé de mieux que de la … mettre en prison dans un poste de police local. Aujourd’hui que l’émoi provoqué par cette affaire est retombé, on apprécie surtout la force monumentale de cette composition magistrale créée par Roussil à partir du tronc d’un arbre (épinette). L’identification de la forme au matériau demeure une des grandes constances de la sculpture moderne.