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Le territoire de Tourrettes-sur-Loup, est riche en sites préhistoriques et protohistoriques (17 ont été recensés). En effet, dès le Paléolithique moyen, la grotte de la Baume Obscure et, surtout celle de Pié Lombard ont été fréquentées. L’occupation paléolithique de Pié-Lombard, datée d’environ 70 000 ans a également livré quelques restes d’Homme de Néanderthal.
Quelques traces d’installation des derniers chasseurs nomades (Epipaléolithique et Mésolithique, entre 11 000 et 6000 av. JC) ont été identifiées à Pié-Lombard ou à Courmettes.
Beaucoup plus près de nous, dans le courant du 5ème millénaire av. J.C., on observe quelques traces de fréquentation des grottes par les pasteurs et paysans du Néolithique moyen (Chasséen): Baume obscure, Grotte de Schlumberger, petit abri du Vallon de la Tuilière.
La fin du Néolithique (3500-2000 avant J.C.) n’est documentée que par des sépultures collectives, qu’il s’agisse de mégalithes (Dolmen de Camptrassier, fouillé au début du XXème siècle) ou de grottes (Baume Obscure, Grotte du Sanglier).
La plupart de ces sites ont été réutilisés au cours de l’âge du Bronze (2000-750 av. JC) mais à la fin de cette période on remarque des traces de fréquentation humaine sur les hauteurs (Courmettes, Les Sabières II).
Enfin, trois enceintes semblent avoir été édifiées au cours de l’âge du Fer (entre 750 av J.C et la fin de la colonisation romaine). Deux d’entre-elles se situent sur le sommet de la Colle de Naouriès et la dernière, sur le Pic de Courmettes. Toutefois, les fragments de céramique non tournée, ramassés sur chacun des sites, n’autorisent pas une datation plus précise. Des structures pouvant s’apparenter à des habitats ont été observées à l’intérieur ou dans le voisinage de chaque enceinte, mais elles sont peu nombreuses. En outre, l’altitude des sites (1024 m et 1248 mètres), et la pauvreté du sol, rendent difficile une implantation humaine à l’année. Certaines particularités architecturales observées dans les murs de l’enceinte (présence d’un enclos, dimensions importantes des ouvertures), permettent d’envisager la pratique d’activités pastorales, sur ces sommets.
La Tourraque
Vingt-deux sites se rattachant à l’époque antique, ont été dénombrés. Pour neuf d’entre eux, la découverte de mobilier céramique, au cours de fouilles ou de prospections, a permis d’obtenir des datations plus précises et de dresser un premier bilan de l’occupation de ce territoire durant l’Antiquité. Il semble que la création du Camp du Cimetière, remonte au second Age du Fer (entre le Vème et le IIIème siècle avant J.-C.), mais le site continuera à être utilisé durant l’époque Républicaine et au Haut Empire.
Il est intéressant de constater que c’est au cours de cette période que de nombreux sites semblent avoir été occupés. Nous pensons notamment à l’enceinte des Muras (Ier siècle avant J.-C.), à celle du Village (Ier-IIème siècle après J.-C.), à l’habitat troglodytique de la Baume (dont l’occupation antique semble débuter au IIème siècle de notre ère), et aux enceintes installées en bordure du replat reliant le quartier de la Tourraque à celui de Courmettes: Le site de la Tourraque (Ier siècle avant – Ier siècle après J.-C.), celui des Bouirades (dont l’occupation est attestée au Ier siècle avant notre ère, mais qui remonte peut-être à une époque légèrement antérieure), l’enceinte de l’Eouvière (Ier siècle avant J.-C. – Ier siècle après J.-C.) et le site du Château de Courmettes (Ier siècle avant notre ère). Singulièrement, toutes ces implantations installées en bordure d’un immense replat situé en contrebas des sommets de la Colle de Naouriès et de Courmettes, ont eu une durée de vie relativement réduite (n’excédant pas deux siècles). Les nombreux fragments de dolia découverts sur le site de l’Eouvière, indiquent la pratique d’activités agricoles (oléicole ou viticole), effectuées probablement dans un cadre villageois. Dans l’état actuel de nos connaissances, l’exploitation de ce terroir, ne semble pas avoir dépassé le Haut Empire (Ier siècle de notre ère).
En revanche, le site du cimetière, probablement un habitat groupé, a connu une longue occupation, au moins jusqu’au VIème siècle de notre ère et peut-être même au cours du Haut Moyen Age. Cet habitat semble avoir fonctionné à la même époque que l’enceinte des Muras (réoccupée au IIIème-IVème siècle de notre ère) et l’habitat troglodytique de la Baume (IIème-VIème siècle). Il est possible que l’enceinte, ou un site proche du quartier de la Tourraque ait été réoccupé au cours de l’Antiquité tardive. La découverte de nombreuses sépultures datant du IIIème-IVème siècle, au même endroit (Blanc 1876), permet d’envisager cette hypothèse.
L’habitat rural antique observé sur le territoire de la commune est relativement peu diversifié. En effet, sur toutes les implantations que nous avons pu dater, six d’entre-elles (Le Village, Le Cimetière, L’Eouvière, Le Château de Courmettes, Les Bouirades et la Tourraque) sont des sites perchés et fortifiés, associés à des habitats. Pour l’une des enceintes (Les Muras), aucun habitat n’a été observé. Enfin, un habitat troglodytique (La Baume), occupé durant l’époque antique, nous a été signalé. A la différence de la commune de Vence, aucune structure de petite taille (de type ferme ou exploitation agricole), n’a été distinguée.
Ces nouveaux éléments permettent de tenter une ébauche de l’environnement archéologique de ces installations. Pour trois d’entre-elles (Le Cimetière, la Baume, L’Eouvière), des restes humains mis au jour au cours de découvertes fortuites, permettent d’envisager la présence de sites funéraires associés aux habitats. En outre, une nécropole datant du Bas Empire fut également découverte à proximité de l’enceinte de la Tourraque.
De plus, quelques trouvailles éparses permettent de cerner l’aménagement de cet espace, proche géographiquement de l’agglomération antique de Vence, et qui devait, par conséquent en subir les influences, puisque Tourrettes était incluse dans son territoire. En premier lieu, des structures de canalisations ont été repérées à la fin du XIXème siècle par E. Blanc, au Château du Caire et le long du chemin du Tuf. Aujourd’hui, ces structures, construites selon l’inventeur, en briques, ne sont plus visibles. Il est possible que l’aqueduc
signalé dans le quartier du Tuf, alimentait le Camp du Cimetière. En tout cas, les deux quartiers sont proches et l’orientation est similaire. La présence de ces canalisations, si leur ancienneté est attestée, dénote une volonté de restructuration du territoire, et sont ains la preuve d’une romanisation avancée que l’on retrouve dans un cadre domanial, ou villageois.
Cette restructuration apparaît aussi dans le tracé de la voirie. A la fin du XIXème siècle, le même savant (Blanc 1876), mis au jour au cours de ses fouilles, un axe de circulation, en contrebas du site de la Tourraque. Selon lui, la voie provenait de la cité de Vence. La présence d’un chemin reliant le plateau de la Tourraque à celui de Courmettes et desservant les habitats de La Tourraque, des Bouirades, de L’Eouvière et du Château de Courmettes, n’est pas improbable. En outre, d’autres axes ont sans doute desservi les autres sites situés dans la partie méridionale de la commune (Le Village, Le Cimetière, Les Muras, La Baume). La présence d’un fragment de borne sur la place de Tourrettes, qui pourrait s’apparenter à une borne milliaire, corrobore cette hypothèse.
Enfin, l’existence d’un autel votif dédié à Mercure par deux citoyens romains, remployé dans le maître-autel de l’église paroissiale, souligne une certaine organisation qui a pu se faire dans un cadre municipal (les dédicataires ont pu exercer des charges administratives), ou domanial (il peut s’agir de riches propriétaires terriens).
Les sites médiévaux de Tourrettes-sur-Loup sont extrêmement intéressants, car ils s’insèrent dans des problématiques historiques connues, pour lesquelles la documentation est relativement fournie.
Les sites d’époques moderne et contemporaine sont représentés en grande partie par les édifices religieux. En effet, cinq oratoires (Saint-Arnoux, Saint-Claude, Saint-Marc, Sainte-Anne, Sainte-Madeleine) et quatre chapelles (Sainte-Madeleine, Saint-Antoine, Saint-Jean, Saint-Arnoux) ont été répertoriés au cours des vérifications sur le terrain. Deux des oratoires sont représentés sur la carte des Frontières de l’Est de Bourcet d’Arçon qui a été élaborée en 1778. Un troisième est daté de 1788. Trois chapelles ont été mentionnées en 1699 dans le compte-rendu d’une visite pastorale faite par l’évêque de Vence. Et une quatrième est représentée sur la carte des Frontières de l’Est et sur celle de Cassini, ce qui permet de faire remonter leur datation au moins au XVIIème siècle.
Borie des Faysses
De très nombreuses bories ou casaou ont été découverts sur le territoire de la commune. Leurs dimensions et leur état de conservation sont variés. Sur deux d’entre-elles, une date a été gravée, ce qui permet de faire remonter leur construction à la première moitié du XIXème siècle. Un immense enclos pastoral a également été découvert dans le quartier du Pié Magnaou. Ces différentes structures témoignent de pratiques agro-pastorales très développées sur tout le territoire de la commune. Ce que confirme la présence de plusieurs bergeries, aires de battage et exploitations agricoles.
Enfin, il convient de signaler un four à chaux, dont l’existence est probablement liée à la construction récente du domaine de Courmettes (probablement au XIXème siècle), et un lavoir construit dans le quartier du Pré, qui servait à l’origine au lavage du lin, cette activité artisanale étant liée avec les ganteries grassoises.